Centre de création, formation et développement pour les arts de la marionnette
Entre jeu d’acteurs, manipulations de marionnettes et d’objets, la Compagnie Pupella-Noguès a revisité la question du pouvoir chère à Alfred Jarry et son célèbre personnage ventripotent.
C’est dans un univers impeccable que la marionnette – spirale au plastron et tête de cochon – est apparue. À une fin de banquet, plus précisément, et après le départ de convives. Alors que les dernières discussions résonnent encore en voix off, tergiversations mondaines sur la question du pouvoir et de l’art, Ubu festoie des restes. C’est sur ces décombres que le duo de manipulateurs – acteurs va dessiner ses allégories, toutes consacrées à la soif de puissants et portées par l’image de la nourriture et de la table, autour de laquelle, sur scène, tout se passe.
On y voit Ubu vorace devenir roi. On y assiste, aussi, à la métamorphose animale de deux acteurs, qui bientôt se prélassent t dans la fange, la boue. Si la compagnie illustre l’absurde de Jarry, elle emprunte aussi, par touches subreptices, à celui de Georges Orwell, le grand anticipateur. Dans la salle résonnent ainsi les échos à sa célèbre Ferme de animaux. Ou comment un système politique radical se met en place, avec se frontières, ses courses aux armes, son dérisoire ballet tragique.
Christian Stavel,La Montagne, 16 octobre 2013