Centre de création, formation et développement pour les arts de la marionnette
Peu connaissent la contemporanéité du théâtre de marionnette au Mexique, sa poésie, sa dramaturgie, et peu savent qu’il existe aussi pour les adultes ou les adolescents. C’est la marionnette à gaine ou à fil, pour les enfants, qui occupe l’avant-scène.
Plusieurs compagnies observent d’ailleurs une indifférence et un discrédit officiel de ce genre théâtral. Leonardo Kosta, marionnettiste mexicain, parle d’une véritable crise et d’un art en danger de disparition, même s’il reconnaît une avancée qualitative, avec des comédiens comme Carlos Converso ou Emmanuel Marquez ; des auteurs comme Hugo Hiriart ; ou des musées comme celui du Baul Teatro de Monterrey et celui de Huamantla*.
La politique culturelle ne fait rien pour freiner la disparition régulière de compagnies du paysage marionnettique mexicain - il y a aujourd’hui 67 compagnies de marionnettes en dehors de Mexico. Selon Cecilia Andres, marionnettiste de Cuernavaca, rien ne va, surtout en province. C’est pourquoi beaucoup de compagnies émigrent à l’étranger (aux États-Unis ou en Europe) ou à Mexico et dans les grandes villes comme Monterrey, où les marionnettistes du Baul Teatro, dans leur Casa de los Titeres, organisent de nombreux ateliers, un festival, et cherchent à réunir les marionnettistes de province, qui connaissent des conditions de travail plus difficiles. Tous les artistes que nous avons rencontrés ne vivent que grâce à la vente de leurs spectacles et à des bourses ponctuelles attribuées par la Secretaria de Cultura.
* cf. Paso de Gato n°18, Revista mexicana de teatro
Évolutions
Le théâtre de marionnettes au Mexique connaît son âge d’or au début du XXème siècle, avec les marionnettes de Rosete Aranda, et pendant les années 1950, avec le rôle majeur que prend la marionnette dans les campagnes nationales d’alphabétisation.
Après une crise pendant la modernisation du pays et l’institutionalisation du PRI (parti unique à ce moment), il renaît dans les années 1970 grâce notamment à la création du Festival de Théâtre Latino-américain qui programme des pièces de Chicanos et de Sud-américains qui utilisent les masques (à la manière des Bread and Puppets). L’immigration de comédiens d’Amérique du Sud enrichit alors les techniques artistiques (influence de Augusto Boal, de Montevideo, du Pérou, du théâtre populaire colombien). Enfin, les ressources pétrolières permettent d’accroître les ressources des politiques culturelles, ce qui améliore les productions théâtrales de marionnettes. On voit alors se multiplier les festivals.
Le milieu des années 1980 et le tremblement de terre de 1985 marquent une période de crise ; seules quelques compagnies, les plus importantes, survivent. Elles sont de plus en plus influencées par le théâtre européen et canadien. Et, si Carlos Converso vient de créer la première école de marionnettistes du pays, à Xalapa, être marionnettiste aujourd’hui au Mexique ressemble vraiment à un parcours du combattant.
Olivia Delacroix, mai 2005