Centre de création, formation et développement pour les arts de la marionnette
Il me paraît difficile d’écrire sur le théâtre d’objets en Espagne tant il est rare de croiser ce type de spectacle dans notre pays. Il me semble que la dénomination de ce genre est plus fréquente que sa pratique…
En fait, je connais peu de compagnies ou d’artistes qui travaillent pour ce théâtre.
De plus il faut apporter une nuance sur ce qu’on nomme « théâtre d’objets ». De mon point de vue, en Espagne, il faudrait plutôt parler de « théâtre avec des objets », ce sont eux qui font fonction de personnage. Cependant, je crois que ce théâtre ne doit pas consister en cela.
Ce théâtre a des normes, un code, dont le pilier principal est la recherche de la métaphore.
Il faut éviter les clichés et si cela est possible, les symboles ; nous devons éviter de démontrer et d’illustrer avec les objets, ils sont le conflit, le moteur de ce type de théâtre, comme dans n’importe quel genre théâtral.
La preuve que ce code n’est pas très étendu, c’est que le public Espagnol est encore surpris de voir un vrai spectacle de ce type.
Après la magnifique création de « l’Avare » de la Compagnie Tabola Rassa et « las Tribulaciones de Virginia » de la Compagnie Hermanos Oligor, je n’ai pas eu l’occasion de revoir un spectacle espagnol qui puisse s’aligner sur ce genre.
J’ai pu observer par moments, l’utilisation de ce code dans quelques spectacles musicaux, comme celui de Mayalde, et même chez quelques conteurs de notre pays, mais cette utilisation est tellement rare qu’elle en est presque anecdotique.
Dans les spectacles jeune public, mis à part les créations de Rodorin, qui est un excellent artiste du théâtre d’objets, je n’ai jamais eu l’occasion de voir quelque chose qui s’apparente à ce type de théâtre.
En Espagne, le théâtre d’objets est en conclusion une sorte de « rara avis », et j’imagine que dans un théâtre, comme le théâtre espagnol, où les clichés abondent, on aura encore besoin, peut être pour des raisons économiques, d’encore un peu de temps pour que ce genre se consolide.
Jaime Santos,Teatro La Chana novembre 2006