Odradek / Pupella-Noguès

Centre de création, formation et développement pour les arts de la marionnette

Images choisies :

La Tempête de Caliban

I,Caliban de Tim Crouch : une autre écriture de la "Tempête" shakespearienne

Monologue pour un acteur marionnettiste et un complice bruiteur
Création : le 19 octobre au Théâtre Le Périscope, Scène Conventionnée Arts de la Marionnette, Nîmes

CREATION SAISON 2023-24


I, Shakespeare by Tim Crouch : un projet de dramaturgie qui interroge la convention
théâtrale.

La pièce I, Caliban de Tim Crouch fait partie du projet I, Shakespeare, un ensemble de cinq monologues qui donnent parole à un personnage secondaire de La Nuit des rois, Macbeth, La Tempête, Le Songe d’une nuit d’été et Jules César de Shakespeare. Chacun de ces personnages (Malvolio, Banquo, Caliban...) raconte sa version de l’histoire, et règle éventuellement ses comptes avec le public venu l’écouter.
Ces réécritures ont en commun de donner la parole à des personnages « mineurs », « secondaires », jetant un nouveau regard sur les pièces, leurs intrigues et leurs enjeux, et ceci renforce la compréhension de la pièce pour les jeunes spectateurs.

Tim Crouch (né en 1964) est un homme de théâtre expérimental britannique, à la fois acteur, écrivain et metteur en scène. Ses pièces, traduites et jouées dans le monde entier, prennent diverses formes, mais toutes rejettent les conventions théâtrales, en particulier le réalisme, et invitent le public à participer à la création de l’œuvre.
En tant qu’acteur et dramaturge, Crouch a reçu des nombreux prix (Total Theatre Award for Innovation, 2010, Brian Way Award for Children’s Playwriting, 2007).
Pour Stephen Bottoms, professeur de théâtre contemporain et de performance à l’Université de Manchester, les pièces de Crouch « constituent l’un des corps les plus importants de l’écriture dramatique de langue anglaise à avoir émergé jusqu’à présent au XXIe siècle (...) Aucun autre dramaturge contemporain n’a posé une série de questions aussi convaincantes sur la forme théâtrale, le contenu narratif et l’engagement spectateur. »

Les attentions de Tim Crouch vers le jeune public
Parallèlement à son théâtre pour adultes (My arm, England, An Oak Tree, The Author, What happens to the hope at the end of the evening...), Crouch a écrit plusieurs pièces pour le jeune public.
En 2018, il a déclaré à Theatre Weekly : « Les enfants font l’expérience du théâtre tout le temps. Dans leurs maisons, leurs terrains de jeux, leurs écoles. L’organisation du jeu narratif et imaginatif est aussi importante pour le jeu d’un enfant que pour un
dramaturge.

Les enfants sont dramaturges naturels dans leur jeu. Ils structurent et créent le caractère. Je pense qu’il est vital qu’un enfant voit son processus répété par les adultes - et avec la validation formelle de la culture plus large. Pour comprendre que les adultes s’engagent également dans un jeu imaginatif et la narration. »

« Je sais ce que vous pensez. Je sais.Vous pensez que je suis moche...
Vous pensez,mais qu’est-ce qu’ilestmoche dechezmoche,
celui là... »

I, Caliban nous offre le revers de La Tempête en explorant les conséquences de l’ « enseignement » de Prospero du point de vue du « dernier de la classe ».
Le public est ici sollicité pour partager la force du ressentiment de Caliban et questionner la dynamique enseignant/élève. Entre les mains de Crouch, Shakespeare est utilisé, grâce à une combinaison de stratégies textuelles, comme une ressource puissantepour activer les spectateurs et engager leur participation dans le processus théâtral.

L’homme « à l’état de nature ». La Tempête et le colonialisme
« Quand vous êtes d’abord venu vous m’avez caressé, faisant grand cas de moi, vous me donniez de l’eau ou vous mettiez des baies...
Alors je vous ai aimé Et je vous ai montré toutes les vertus de l’ile,
Les sources douces, les salines, les lieux arides et fertiles :
Que je sois maudit d’avoir ainsi fait ! »

Ainsi s’exprime Caliban, tout en regret et désillusion d’avoir accueilli Prospero dans son île. La présence dans la pièce de Shakespeare de Caliban évoque immanquablement les peuples soumis à la colonisation, esclaves noirs ou Indiens. Car LaTempête ne parle pas seulement d’usurpation, [Prospéro, duc de Milan perd son pouvoir], et depardon final ; elle offre aussi une réflexion sur lecolonialisme, à travers la thématique du contrôle del’île et de ses premiers habitants, Caliban et Ariel, par
Prospero, homme blanc arrivant de l’occident. Shakespeare prête à Caliban des discours de révolte mettant en cause l’injustice dont il est victime :Prospero l’a dépossédé de son bien, son île, l’a réduit en esclavage ; Caliban chante la liberté en provoquantle nouveau maître de l’île.Dans la pièce de Shakespeare, Caliban est présenté comme un être laid, sauvage, irrécupérable : menteur, lâche, traître, il cède à ses pulsions les plus bestiales, il est mi-homme, mi-animal, un presque
poisson, un presque humain.

Distribution :

Mise en scène, scénographie :
Joëlle Noguès
Dramaturge :
Hélène Beauchamp
Avec :
Antoine Raffalli, Giorgio Pupella
Son :
Nicolas Carrière/ Arthur Daygue
Construction décor et marionnettes :
Polina Borisova, Joëlle Noguès, Bruno Vitti
Conseiller en magie :
Davel Puente Hoces
Conseillère en jeu burlesque :
Claire Dancoisne
Visuel :
Nathalie Charrié